PERSPECTIVES DES MARCHÉS FINANCIERS ET AUTRES SUJETS IMPORTANTS POUR LES INVESTISSEURS
Un tournant sur les marchés
Chère lectrice, cher lecteur,
L’inflation, les taux d’intérêt élevés, les risques de ralentissement des dépenses du consommateur, la possibilité d’un atterrissage plus dur de l’économie américaine et l’intensification des tensions géopolitiques ne sont que quelques-uns des nombreux problèmes auxquels les investisseurs doivent actuellement faire face.
Nous avons vu surgir de nouvelles inquiétudes en 2023 comme la perspective d’un défaut des États-Unis sur leur dette, les inquiétudes liés à la prochaine élection présidentielle américaine, ou encore le dysfonctionnement du congrès américain qui conduit à des incertitudes du financement du budget des États-Unis.
Nous avons été témoins de nombreuses crises au cours des dernières années : pandémie, guerres, tensions politiques, etc. Grâce à ces expériences, les investisseurs savent que le « bruit du marché » peut être assez fort, mais que les variations importantes des prix ne reflètent pas nécessairement les changements dans la valeur fondamentale des actifs.
Les investisseurs ont constaté que le sentiment et les paradigmes du marché changent rapidement. On se souvient qu’à la fin de l’année 2022, de nombreux analystes étaient négatifs sur les valeurs technologiques, notamment Apple, Tesla, Amazon, Meta, Nvidia, Netflix ou Microsoft qui ont nettement surperformé les indices en 2023.
Nous pensons que les entreprises envoient un message juste lorsqu’elles mettent en garde contre le ralentissement général de l’économie qu’elles constatent. Ce ralentissement devrait conduire l’inflation et les taux d’intérêt à long terme à la baisse.
Étant donné que les cours des actions sont plus sensibles aux taux d’intérêt qu’aux bénéfices, nous estimons que les marchés financiers sont maintenant à un tournant, car nous pensons que les rendements obligataires à long terme ont atteint leur sommet.
Dans cette note de recherche, nous discuterons de divers points, notamment l’inflation et les taux d’intérêt. Nous quantifierons également le potentiel de hausse des marchés boursiers au cours des 12 à 18 prochains mois.
Nous restons à votre disposition pour toute question et nous nous réjouissons de tout commentaire ou retour d’expérience de la part de nos lecteurs distingués.
LGH & ASSOCIES S.A.
1. Résumé
- Le principal moteur des marchés financiers est l’évolution des taux d’intérêt aux États-Unis. Les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans sont proches de 5,00 %. La dernière fois qu’ils ont atteint ces niveaux, c’était en 2006 et 2007, avant la crise financière de 2008 ;
- De nombreuses entreprises américaines et européennes mettent en garde les investisseurs contre un environnement économique plus difficile, soulignant la faiblesse des dépenses des consommateurs ;
- Malgré ces avertissements du secteur privé, les banques centrales, y compris la Fed américaine, continuent de déclarer que leur principale préoccupation est l’inflation ;
- Les investisseurs craignent donc que les banques centrales se concentrent sur les données rétrospectives plutôt que sur les données prospectives. Cela pourrait conduire les banques centrales à maintenir les taux d’intérêt à court terme à des niveaux plus élevés que nécessaire et plus longtemps que nécessaire. Les analystes craignent que cela ne déclenche un atterrissage « dur » de l’économie, ou pire, une récession ;
- L’inflation qui est apparue après la pandémie est de nature purement accidentelle. Elle ne serait pas arrivée s’il n’y avait pas eu de multiples confinements en 2020 et 2021. La tendance à long terme pour la plupart des pays du monde reste la désinflation ;
- L’épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie a permis aux dépenses du consommateur de rester élevés en 2021 et 2022 malgré des niveaux élevés d’inflation. Cependant, le niveau élevé des taux d’intérêt pèse désormais clairement sur la capacité des consommateurs à dépenser.
- Étant donné que les consommateurs ont un budget qui n’est pas extensible (les salaires n’ont pas augmenté autant que l’inflation ou les loyers), ces coûts plus élevés obligeront les individus à économiser dans d’autres domaines. Au cours des dernières semaines, nous avons vu des entreprises mettre en garde contre la faiblesse des consommateurs dans de nombreux secteurs, notamment les voyages, les jouets, les produits orthodontiques, les voitures, les meubles ou les restaurants.
- Les analystes révisent donc à la baisse leurs prévisions de chiffre d’affaires et de bénéfices. Les économistes révisent également une croissance plus faible du PIB en 2024 ;
- La conséquence naturelle d’une croissance plus faible, voire d’une récession, est que les rendements obligataires à long terme vont baisser. Cette baisse se produira plusieurs mois avant que les banques centrales ne commencent à réduire les taux d’intérêt à court terme à la mi-2024 :
- À notre avis, les cours actuels des actions intègrent pleinement des attentes plus faibles pour 2024 ;
- Les cours des actions sont beaucoup plus sensibles aux variations des taux d’intérêt qu’aux variations des bénéfices. Historiquement, une baisse de 120 points de base des taux entraîne une hausse du Nasdaq de 25 % ;
- Nous pensons que le marché boursier a atteint son point bas et qu’il offre un potentiel de hausse important.
- La politique et la géopolitique ont un impact sur les marchés à court terme, mais pas à long terme. Ni la politique américaine, ni la guerre en Ukraine, ni la guerre en Israël, ni les relations sino-américaines ne devraient affecter les marchés à long terme.
- Avec la baisse des taux d’intérêt, les obligations, les actions et l’or devraient tous voir leurs cours augmenter.
- Nos secteurs d’actions privilégiés sont la technologie, la finance, les biens de consommation de base et l’énergie. Dans le domaine des énergies renouvelables, seule l’énergie solaire semble offrir des perspectives économiques viables.
- Sur les obligations, nous conseillons aux investisseurs d’augmenter les durations ;
- Le dollar restera la monnaie de réserve mondiale et devrait s’apprécier en raison des taux d’intérêt réels positifs élevés. Les discussions sur la dédollarisation sont irréalistes.
2. La situation actuelle de l’économie et des marchés
2.1 D’où venons-nous?
À la fin de l’année 2022, le sentiment des investisseurs était extrêmement négatif. Aux États-Unis, l’inflation était élevée et les analystes s’attendaient à ce que l’inflation reste forte et craignaient que les hausses de taux d’intérêt de la Fed n’entraînent un ralentissement économique.
Contrairement aux attentes, les marchés financiers se sont nettement améliorés au cours du premier semestre 2023. Cette évolution positive a fait suite à la baisse de l’inflation aux États-Unis, qui est passée de 6,5 % en décembre 2022 à 3,0 % en juin 2023. Les investisseurs sont devenus plus optimistes et ont commencé à anticiper que la banque centrale américaine devienne moins restrictive.
Cependant, depuis août 2023, les marchés financiers sont en mode de correction.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ceci.
Premièrement, à la fin du mois de juillet, de nombreuses valeurs étaient surachetées, notamment dans le secteur de la technologie où de nombreuses valeurs ont bénéficié de l’engouement lié à l’intelligence artificielle (ci-après « IA »).
Deuxièmement, les bons résultats du deuxième trimestre 2023 avaient été anticipés et étaient reflétés dans le cours des actions. Il n’y a pas eu assez de « nouvelles » nouvelles de la part des entreprises pour faire grimper les cours des actions.
Troisièmement, l’inflation aux États-Unis a recommencé à grimper pour des raisons qui seront examinées plus en détail à la section 3. La communication de la Réserve fédérale américaine est devenue de plus en plus négative. Jerome Powell et d’autres membres de la Fed ont indiqué à plusieurs reprises que l’inflation n’était pas sous contrôle et que des taux d’intérêt plus élevés étaient nécessaires pour ramener l’inflation sous leur objectif à long terme de 2,00 %.
Il convient d’ajouter que la Fed américaine n’a pas modifié son objectif d’inflation et qu’elle a déclaré qu’elle souhaitait atteindre son objectif d’inflation le plus rapidement possible. Les marchés financiers, qui s’attendaient auparavant à ce que les premières baisses d’intérêts interviennent début 2024, tablent désormais sur une première baisse des taux d’intérêt en juillet 2024.
2.2 Où sommes-nous aujourd’hui ?
Alors qu’au début de l’année, le scénario de base économique était celui d’un « atterrissage en douceur », c’est-à-dire d’un ralentissement progressif de l’économie, les économistes s’inquiètent désormais de plus en plus d’un atterrissage économique plus « dur ».
En effet, les taux d’intérêt élevés font peser un risque élevé sur la croissance économique.